Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2007, 7,5 millions de personnes dans le monde ont voyagé pour se faire soigner à l’étranger. Elles étaient 16 millions en 2012. Tendance pour les 10 années entre 2015 et 2025 : une croissance de 25% par an. C’est ce qu’affirme une étude publiée en 2014 par Visa et Oxford Economics (Mapping the Future of Global Travel and Tourism).
Le tourisme médical, depuis son apparition
Le chiffre d’affaires engendré par ce tourisme d’un nouveau genre, en plein essor, fait rêver : plus de 56 milliards d’euros en 2015. Si les prévisions de Visa et Oxford Economics sont justes, il devrait dépasser les 100 milliards en 2018. Ce phénomène mondial est tel que le fameux salon professionnel ITB à Berlin lui consacre tout un espace depuis son édition 2017. Soins concernés : en tête soins dentaires, chirurgie esthétique et médecine de la reproduction, mais aussi chirurgie oculaire, traitements cancéreux ou cardiaques, rééducation, examens préventifs.
Mais qu’est-ce qui pousse ces touristes médicaux à se faire soigner loin de chez eux ?
4 motivations principales du tourisme médical pour se faire soigner à l’étranger
- L’aspect économique : se faire soigner en Asie ou en Europe de l’Est peut coûter jusqu’à 2 fois moins chers pour des prestations assez similaires, et nombre de compagnies d’assurance privées les remboursent, en particulier dans la zone Euro. Même en incluant les frais du voyage, le soin à l’étranger peut rester très compétitif. Par exemple, un implant dentaire coûte en moyenne 1700 euros en France mais seulement entre 600 et 800 euros en Turquie, en Tunisie ou en Hongrie (Chiffres MMA)
- L’accès à des soins ou des traitements non disponibles dans son propre pays : soit par manque d’infrastructures ou d’équipements, soit par interdiction (avortement, procréation assistée, traitement pour la fertilité…).
- Pour ne pas attendre : aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, par exemple, pour les opérations chirurgicales non vitales, les listes d’attente sont extrêmement longues.
- Pour la qualité des soins : il est très fréquent que les classes supérieures des pays en voie de développement viennent se faire soigner dans des pays développés, notamment en Europe, pour bénéficier de soins de qualité. C’est le cas de plus en plus de russes, brésiliens et chinois. Les ressortissants des pays arabes quant à eux, préfèrent Dubaï.
Il est ainsi amusant de constater un vrai chassé-croisé dans les flux des touristes médicaux : les classes moyennes des pays développés, cherchant ailleurs des soins moins chers, croisant dans les aéroports les classes supérieures de ce même ailleurs, cherchant des soins plus haut de gamme.
Une vague sur laquelle les professionnels français du tourisme devraient se dépêcher de surfer
Le tourisme médical n’est pas seulement une aubaine pour les hôpitaux et cliniques, même s’ils en sont les bénéficiaires directs. Tous l’écosystème autour peut aussi en profiter. Certes, la loi française interdit aux agences de voyage et aux prestataires du tourisme de vendre des soins, hors thalassothérapie, mais nos acteurs du tourisme ont tout intérêt à surfer aussi sur cette vague, jusqu’à présent sous-exploitée.
Comment ?
Par exemple, en se rapprochant des cliniques françaises de pointe pour proposer aux patients étrangers argentés, des activités luxueuses. Pourquoi pas un package visite guidée de la ville avec un personal shopper, repas dans un grand restaurant et soirée à l’opéra ?
Pour les ressortissants français cherchant à l’étranger des soins moins chers, la motivation est à l’économie. Pour eux, des packages hôtellerie, location de voiture, activités culturelles à proximité des centres de santé des grandes villes étrangères (Casablanca, par exemple), à des prix défiant toute concurrence, seront sûrement séduisants.
Une autre manne aussi est offerte par ce nouveau tourisme : elle concerne cette fois les avocats. Car se faire soigner à l’étranger n’est pas sans risque. Les réglementations en matière de soins et d’interventions chirurgicales n’étant pas partout aussi strictes et rigoureuses qu’en France, les ratés sont aussi de la partie !
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Catherine Terrand
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